Après un règne de près de soixante ans, Louis XV, surnommé autrefois le « Bien-Aimé », meurt le 10 mai 1774 au château de Versailles. Ce décès marque bien plus que la fin d’un roi : il symbolise l’épuisement d’un régime monarchique confronté à la défiance du peuple, aux échecs militaires et aux scandales de cour. Entouré de médecins impuissants et d’une cour anxieuse, le roi s’éteint dans la solitude de la maladie, victime de la variole. À travers ce moment historique se dessinent les prémices d’un basculement majeur pour la France.
Cet article retrace les derniers instants de Louis XV à Versailles, les réactions suscitées par sa mort, et les enjeux qu’elle laisse en héritage à son successeur, Louis XVI.

Table of Contents
Louis XV : un roi qui perd pied avec le temps
Une ascension prometteuse vite fragilisée
Quand Louis XV monte sur le trône en 1715, il n’est qu’un enfant de cinq ans. Très vite, son règne devient un long chapitre de l’histoire de France, traversé par des moments de paix, mais aussi de tensions. Au début, le peuple l’adore. En 1744, après une grave maladie, il guérit contre toute attente et gagne le surnom de « Bien-Aimé ». Une marque d’affection sincère. Mais cette tendresse ne dure pas. Plus les années passent, plus la confiance s’effrite.
Une politique étrangère marquée par la défaite
Sur le plan militaire, le roi essuie de lourdes pertes. La guerre de Sept Ans, entre 1756 et 1763, devient un point noir de son règne. Elle fait reculer la présence de la France sur la scène mondiale. Le pays perd le Canada, des territoires en Inde, et son influence en Europe se réduit. Ce conflit coûte cher et aggrave une dette déjà bien ancrée.
Un royaume sous pression économique
Pendant ce temps, l’économie du royaume s’affaiblit. Les impôts sont mal répartis, frappant surtout les plus modestes. La dette publique continue de grimper, et la monarchie peine à trouver des solutions justes. Louis XV, lui, se désintéresse peu à peu de la gestion du pays. Il délègue ses pouvoirs à des ministres peu populaires, comme Maupeou et Terray, ce qui n’arrange rien.
La vie privée du roi, entre scandales et isolement
Louis XV ne brille pas non plus dans sa vie personnelle. Ses nombreuses maîtresses attirent les critiques, en particulier Madame de Pompadour puis Madame du Barry. La noblesse et le peuple y voient un roi distrait, entouré de favoritisme et d’influences douteuses. Petit à petit, il s’isole dans ses appartements à Versailles, loin des grandes décisions politiques. Le pouvoir s’éloigne de lui autant qu’il s’en éloigne.
Une fin de règne sans éclat
Quand la fin approche, le roi n’est plus que l’ombre de lui-même. Fatigué, remis en question, il ne porte plus le poids de l’autorité. La religion prend plus de place dans son entourage, la politique stagne, et l’absolutisme qui avait structuré la France commence à s’effondrer. Le pays entre dans une période de doute. Louis XV laisse derrière lui l’image d’un roi qui n’a pas su répondre à son époque.
Source : Jean-Christian Petitfils, Louis XV, Fayard, 2001.

Les derniers jours à Versailles
Au printemps 1774, Louis XV présente les premiers signes d’une maladie qui s’aggrave rapidement. Le 26 avril, il ressent une douleur au bras gauche accompagnée de fièvre. Les médecins de la Cour diagnostiquent rapidement une variole, une maladie hautement contagieuse et redoutée. Le roi est alors confiné dans ses appartements privés du château de Versailles, entouré de médecins impuissants, de confesseurs et de quelques courtisans fidèles.
Le climat à la Cour devient lourd et silencieux. La variole, qui emporte souvent ses victimes en quelques jours, transforme rapidement l’apparence du souverain, rendant les visites de plus en plus rares. La Cour, superstitieuse et inquiète, commence à se détourner du roi mourant. Madame du Barry, sa favorite, est éloignée sur ordre du duc d’Aiguillon afin de ne pas scandaliser davantage l’opinion. La famille royale, notamment le dauphin Louis-Auguste (futur Louis XVI), reste en retrait, préparant déjà la transition de pouvoir.
Dans l’atmosphère cérémoniale de Versailles, l’agonie du roi est marquée par le retour à une stricte étiquette religieuse : Louis XV reçoit les derniers sacrements le 2 mai, dans un geste solennel destiné à restaurer un semblant de piété royale.
La mort du roi : 10 mai 1774
Louis XV s’éteint le mardi 10 mai 1774 à 15 h 15, dans sa chambre du premier étage du château de Versailles. Le décès est prononcé dans une atmosphère presque irréelle. Peu de courtisans sont présents. La Cour, consciente du caractère contagieux de la variole, se disperse dans un silence glacé. Contrairement à son arrière-grand-père Louis XIV, dont la mort avait été un événement d’État, celle de Louis XV se déroule dans la retenue et l’inquiétude.
Le corps du roi, déjà en décomposition avancée à cause de la maladie, est rapidement transporté à la basilique Saint-Denis sans cortège public, dans une voiture fermée, pour éviter tout risque d’épidémie. Aucun hommage populaire ne lui est rendu sur le trajet, signe d’un profond désintérêt, voire d’un soulagement parmi le peuple.
Cette fin discrète, quasiment honteuse pour un roi absolu, marque un tournant : celui d’une monarchie affaiblie, en perte de prestige, et sur le point de faire face à l’une des plus grandes révolutions de l’histoire.
Source : Michel Antoine, Louis XV, éditions Perrin, 1989.
Michel Antoine, Louis XV, Éditions Perrin, 1989
→ Ouvrage de référence sur la biographie politique et personnelle du roi, incluant un récit détaillé de ses dernières semaines et des rituels funéraires.
Jean-Christian Petitfils, Louis XV, Fayard, 2001
→ Biographie accessible et bien documentée qui aborde le contexte médical, psychologique et politique de la fin du règne.
Emmanuel de Waresquiel, Versailles, le crépuscule d’un monde, Tallandier, 2018
→ Pour l’ambiance de la Cour à Versailles durant les derniers jours du roi et la description du silence qui entoura sa disparition.

Succession et conséquences politiques
À la mort de Louis XV, c’est son petit-fils Louis-Auguste, duc de Berry, qui monte sur le trône sous le nom de Louis XVI. Âgé de seulement 19 ans, le nouveau roi est peu préparé à gouverner un royaume en crise. L’espoir d’un renouveau anime cependant la Cour et une partie du peuple : on espère que le jeune monarque saura réparer les erreurs de son grand-père.
Les premières décisions de Louis XVI semblent aller dans ce sens. Il renvoie les ministres impopulaires de son prédécesseur, comme Maupeou et Terray, et rappelle des figures jugées plus éclairées. L’opinion publique, lasse de la corruption et de l’autoritarisme de la fin du règne de Louis XV, voit dans ce changement une possible restauration de la justice et de l’équilibre monarchique.
Mais malgré ces intentions réformatrices, la situation économique, sociale et politique reste profondément dégradée. La mort de Louis XV n’a pas réglé les problèmes structurels du royaume. En réalité, elle ouvre la voie à une succession de tensions qui culmineront avec la Révolution française en 1789.
Le symbole de Versailles dans la mort du roi
La mort de Louis XV à Versailles est hautement symbolique. Ce château, joyau de l’absolutisme créé par Louis XIV, devient le théâtre d’un crépuscule monarchique. Là où son arrière-grand-père avait mis en scène le pouvoir dans toute sa splendeur, Louis XV meurt dans l’isolement, marqué par la maladie, la peur de la contagion et l’indifférence de son peuple.
Versailles n’est plus le centre du rayonnement politique et culturel, mais le témoin d’une monarchie en déclin. Les fastes d’autrefois ne suffisent plus à masquer les failles d’un régime épuisé. Cette mort discrète dans un décor aussi grandiose illustre parfaitement le décalage grandissant entre le pouvoir royal et la réalité du royaume.
La mort de Louis XV à Versailles marque la fin d’un règne long et complexe, traversé de contradictions. Roi initialement adoré, il meurt dans l’oubli, la maladie, et sans ferveur populaire. Cette disparition, dans un cadre aussi symbolique que Versailles, annonce la fin d’une époque.
La succession par Louis XVI ouvre une brève parenthèse d’espoir, vite rattrapée par les failles profondes du système monarchique. À bien des égards, la mort de Louis XV incarne le prélude à la Révolution : un roi délaissé, une Cour discréditée, un peuple impatient de changement. Versailles, témoin muet de cette scène historique, devient le miroir d’une monarchie qui ne parvient plus à justifier son pouvoir.
Sources en ligne fiables
- Château de Versailles – La mort de Louis XV (10 mai 1774)
Source officielle du domaine de Versailles : description détaillée des derniers jours, du diagnostic (variole), et des conditions de son décès. - Encyclopædia Britannica – Louis XV
Fiche biographique complète : naissance, règne, décès et contexte de succession. - American Battlefield Trust – King Louis XV
Résumé historique concis incluant la cause de la mort et la transition vers Louis XVI. - Habsburger.net – Marie-Antoinette as queen of France
Contexte de la mort de Louis XV et implications sur le début de règne de Louis XVI. - Madame Gilflurt’s Guide to Life – The Painful Death of Louis XV
Récit dramatique et bien documenté des symptômes, des soins médicaux, et de l’ambiance à la Cour.